01/20 au néant

Si la Terre explosait, là, maintenant, en quelques secondes, que se passerait-il dans l’Univers ? Rien. Il n’y aurait personne pour s’en plaindre, ni même s’en souvenir. Adieu la muraille de Chine, les jardins suspendus de Babylone ou la Tour Eiffel. Terminés les musées ou les expositions dédiées à la Shoah, les visites des plaines de Verdun ou les jardins du château de Versailles. Disparus les bibliothèques et les laboratoires de recherche. L’Afrique ne finira pas sa reconquête. Plus personne ne marquera de touch down ni ne gagnera Wimbledon. Les Jeux Olympiques n’auront plus lieu non plus. Adieu string de Nabilla. Toute l’Histoire sera éparpillée, façon puzzle, désintégrée dans le vide, réduite à l’atome du néant dans le lointain imperturbable. En quelques secondes, l’ensemble de nos préoccupations sera devenu un absurde accident du silence éternel. Un rôt de quelques milliers d’années comparé au gigantesque corps de l’espace, infini dans la distance et le temps. Si nous en restions là, les conflits, les bains de sang, les douleurs des familles, les heures passées à s’angoisser, ne seraient plus rien. Rien du tout. Disparus dans le trou noir. Plus aucune trace de tout ce que nous avons vécu avec tant de passion et d’importance auto-pensée. N’est-ce pas vertigineux ? 

D’ailleurs, si la Terre explosait, je me demande si nous aurions même le temps de comprendre que nous disparaissons. J’imagine que la puissance de l’explosion surpasserait de loin une explosion atomique standard de type Hiroshima. Il faut que je demande à mon ami astrophysicien ce qu’il en pense. J’imagine que la surprise ne durerait qu’une seconde ou deux, le temps de se rendre compte qu’on a les pieds qui brûlent et que « tiens, c’est biza... ».

Game over. Silence. Quelques secondes plus tard, en dehors de millions de détritus projetés à l’infini sans obstacle ni bruit, l’emplacement laissé par la Terre serait désormais inoccupé. 

Comme si de rien n’était.